Des trous de ver traversables peuvent exister, mais ils ne seraient pas très utiles pour les voyages dans l’espace
L‘idée des trous de ver, des ponts en forme de tunnel reliant deux points dans l’espace-temps, existe depuis des décennies, et beaucoup pensent qu’ils pourraient permettre des voyages interstellaires ou même intergalactiques.
Mais, selon Daniel Jafferis, physicien à l’université d’Harvard :
…ne faites pas encore vos bagages pour un voyage de l’autre côté de la galaxie.
Bien que ce soit théoriquement possible, il n’est pas utile pour les humains de voyager à travers. Il faut plus de temps pour traverser ces trous de ver que d’y aller directement, donc ils ne sont pas très utiles pour voyager dans l’espace.
La nouvelle théorie a été inspirée à M. Jafferis et ses coauteurs lorsqu’ils ont commencé à penser à deux trous noirs qui s’enchevêtre (intrication) au niveau quantique (infiniment petit), comme l’avaient formulé les physiciens de l’Institute for Advanced Study de Princeton et de l’université de Stanford dans la conjecture ER=EPR qui tente de jeter les bases d’une unification entre la relativité générale (le fonctionnement de l’infiniment grand) et de la mécanique quantique (…de l’infiniment petit).
Bien que cela signifie que la connexion directe entre les trous noirs est plus courte que la connexion du trou de ver, et donc que ce dernier n’est pas un raccourci, la théorie donne de nouvelles perspectives sur la mécanique quantique.
Toujours selon Jafferis :
D’un point de vue extérieur, voyager à travers le trou de ver équivaut à une téléportation quantique utilisant des trous noirs enchevêtrés.
Avec ses collègues, il a fondé sa théorie sur un système conçu par Albert Einstein et Nathan Rosen en 1935, consistant en une connexion entre deux trous noirs (le terme trou de ver (Wormhole) a été inventé par le physicien américain John Wheeler, en 1957).
Comme le trou de ver peut être traversé, il s’agissait d’un cas particulier dans lequel l’information pouvait être extraite d’un trou noir.
Selon le Dr Jafferis :
Cela donne un aperçu causal de régions qui auraient autrement été derrière un horizon, une fenêtre sur l’expérience d’un observateur à l’intérieur de l’espace-temps, accessible de l’extérieur.
Jusqu’à présent, l’une des principales difficultés dans la formulation des trous de ver traversables a été le besoin d’énergie négative, qui semblait incompatible avec la gravité quantique. Cependant, l’équipe a surmonté ce problème en utilisant des outils de la théorie quantique des champs, calculant des effets quantiques similaires à l’effet Casimir.
Selon M. Jafferis :
Je pense que cela nous apprendra des choses profondes sur la correspondance entre la dualité jauge/gravité, la gravité quantique et peut-être même une nouvelle façon de formuler la mécanique quantique.
Les chercheurs ont présenté leurs résultats le 13 avril lors de la réunion 2019 de l’American Physical Society à Denver, au Colorado (Etats-Unis) : Traversable wormholes*.